“L’Amour, l’Amour, l’Amour” de Mouloudji par Soleil Bleu.
« Nous avons recueilli Digit quand elle avait deux jours et demi. Sa mère ne l’a jamais allaitée. Quelques heures de plus, elle serait morte… ».
En 1998, Pierre et Éliane Thivillon ouvrent leurs bras à un bébé gorille. Et sortent le grand jeu : biberons, couches-culottes et couffin.
L’histoire aurait pu ne s’écrire que sur quelques années. Le temps pour la petite femelle de grandir, puis d’être intégrée à un groupe. Mais les dés ont roulé autrement.
« A un an et demi, elle a été opérée. Nous sommes restés avec elle le soir, puis le lendemain ». Au troisième jour, au moment de laisser Digit dans la nursery du parc, le « piège » s’est refermé. « Elle nous a pris la main, nous a entraînés sur le canapé. On est restés une nuit supplémentaire. C’était il y a plus de quinze ans… ».
Et c’est ainsi qu’on se retrouve à câliner un gorille chaque soir avant le coucher. A lui demander s’il préfère brioche ou choco au petit-déjeuner. Et à s’exécuter avec le sourire quand le grand singe multiplie les sollicitations afin de se faire apporter un jus de fruit !
Au fil des ans, le couple Thivillon a appris à murmurer à l’oreille des gorilles. Avec succès. Digit comprend certains mots. « Manger », « Vas me chercher la bouteille ». Se retourne quand Éliane lui fait remarquer « tu as fait tomber le bouchon ». Désigne la poche dans laquelle est cachée la clef de la porte, fermée, qui l’empêche de sortir. Et porte sa main à sa bouche lorsque Pierre la sollicite. « Digit, ma fille, tu m’envoies un baiser ? ».
« Comme si le chat rentrait à la maison avec nous »
Alors, gestes réflexes d’un animal en captivité ? Non. Pierre Thivillon en est convaincu, « elle comprend énormément de choses, la gamine. Elle ressent les moments où on a de la peine. Et elle sait parfaitement se faire comprendre ». En montrant du doigt un bonbon, oublié par un visiteur, qu’elle convoite. Ou en grognant tout doux pour obtenir, en pleine nuit, ses deux bouteilles d’eau.
Parfois, Pierre Thivillon se heurte à la Science. Et s’y pique.
« De grands spécialistes des gorilles se sont étonnés que j’élève un animal sauvage comme un humain. Mais que veulent-ils ? Que je le laisse souffrir quand il a mal aux dents ? Aujourd’hui, des scientifiques commencent à dire que nous avons encore beaucoup à apprendre des gorilles. Je pense depuis longtemps qu’il n’y a qu’avec des êtres évolués comme ça qu’on peut avoir cette complicité. Nous sommes tellement proches d’eux ! ».
S’est-il un jour senti en danger ? « Je suis aussi inquiet que si c’était le chat qui rentrait à la maison avec nous ! ». Digit va avoir 17 ans. La peluche en couche-culotte de deux pauvres kilos est devenue une magnifique femelle dépassant le quintal. Elle fait partie d’un groupe de douze gorilles, animaux vedettes de l’espace zoologique de Saint-Martin-la-Plaine. Pour lesquels Pierre Thivillon a bâti de ses mains cinq installations imposantes dans lesquelles le public peut les voir évoluer. « Nous ne sommes que cinq parcs en France à présenter des gorilles, trois ont des groupes reproducteurs ».
Pratique
Horaires d’été
Du 29 mars au 24 octobre : ouverture des caisses tous les jours (week-end et fériés inclus) de 9 à 18 h, fermeture du parc à 19 h.
Tarifs
Moins de 3 ans : gratuit. De 3 à 9 ans : 10 €. Dès 10 ans et adultes : 14 €. Possibilité de Pass annuel, tarifs de groupe et visites pédagogiques.
Accès et contact
Espace zoologique, 42800 Saint-Martin-la-Plaine (A47, sortie N° 11). Tél. : 04 77 75 18 68.
Site : www.espace-zoologique.com
Références : Le progrès et France 4