Video Live de Deep Purple.
« Smoke on the water » a été inspiré par l’incendie du Casino de Montreux. Retour sur cette soirée du 4 décembre 1971…
Le 4 Décembre 1971, la tranquille ville de Montreux en Suisse s’apprête à céder aux bacchanales du rock. Ce soir là, Frank Zappa et son groupe, The Mothers of Inventions, se produisent au Casino dans le cadre de leur tournée européenne.
Après quatre-vingt minutes, alors qu’ils interprètent le titre King Kong, la détonation d’un pistolet d’alarme retentit. Immédiatement, le plafond prend flammes, qui cernent les premiers rangs. Zappa intime à la foule de garder son calme et d’utiliser les sorties de secours, mais c’est en sautant par les fenêtres de cette salle située au premier étage que l’auditoire s’en tire. L’endroit termine en cendres. Aucune victime n’ont été déplorées.
Parmi les rescapés, saufs mais traumatisés, se trouvent l’intégralité des membres de Deep Purple. Ils sont venus à Montreux pour enregistrer leur sixième album, Machine Head et devaient, à ce titre, investir le casino au lendemain du concert de Zappa.
Réunis dans la vitrine d’un restaurant, ils observent l’incendie mourir alors qu’un rideau de fumée obscurcit le lac Léman. Roger Glover, bassiste, trouve l’image troublante et pense qu’elle ferait un bon titre de chanson. Ian Gillan, chanteur, imagine ses paroles : une description factuelle et chronologique des événements de la nuit. La conjonction des deux donnerait une sorte d’œuvre documentaire, intitulée Smoke On The Water.
Privé de lieu d’enregistrement, le groupe s’attelle tout de même à la réalisation de leur album les jours suivants. Brièvement relocalisés au théâtre Le Pavillon, ils sont expulsés manu militari par la police suisse après plaintes pour tapage du voisinage. C’est au Grand Hôtel, établissement désaffecté et situé en périphérie de ville, qu’ils atterrissent pour enregistrer Machine Head sur le studio mobile des Rolling Stones.
L’album Machine Head sort en mars 1972 avec pour premier single Never Before et se place en première place des charts anglais, australiens, français, danois, finlandais, allemands, canadiens et yougoslaves. Le single, que le groupe pensait promis à devenir un hit, passe totalement inaperçu. Roger Glover déclarera : « Pourtant, on avait travaillé dessus : un joli pont, un jeu soigné, un mixage approprié… »
Ce n’est qu’en mai 1973 que Warner Bros. Records, la maison de disque américaine du groupe, décide de sortir Smoke On The Water en 45 tours, qui atteint la quatrième place du Billboard. Malgré un succès relatif en Europe à l’époque, la chanson deviendra légendaire grâce à ses cinquante-deux premières secondes : un riff de guitare répété six fois, voué à devenir le plus célèbre riff, tous instruments confondus, de toute l’histoire de la musique.
Emblème paroxystique de la guitar music, l’introduction de Smoke On The Water sera souvent comparée par son auteur, Ritchie Blackmore, à la Cinquième Symphonie de Beethoven.
Plus terre à terre, Roger Glover se concentrera sur l’événement déclencheur du mythe : « Je n’avais jamais vu un tel incendie. Le bâtiment a explosé tel un champignon atomique. Le dernier jour d’enregistrement au Grand Hôtel reste pour nous un événement aussi important que le feu lui-même. Nous le quittions sans connaître notre avenir. Après avoir été jetés de partout, nous pensions que le monde était contre nous. Nous avions la rage. Voilà sans doute ce qui a contribué au succès de Smoke On The Water. »