Le journaliste de Libération Rachid Laïreche a rencontré le chanteur pour un réaliser un portrait dans les colonnes du journal.
Posé négligemment sur le bureau d’une collègue, Pagny par Florent attise les commentaires. Je ne peux m’empêcher de faire le malin, le bouquin du chanteur fêlé de Patagonie cartonne. Plus de 100 000 ventes, dit-on. Ça fredonne les morceaux. Question inévitable d’un coup : «Comment va-t-il ?» Le chanteur mène la baston contre un cancer du poumon. A deux doigts de gagner son combat, il a fait une rechute. Il suit un traitement. Tout ça ne répond pas à l’interrogation de ma voisine de crémerie. On aime ça, nous, les journalistes, les revenants, les survivants, les combattants, les résistants et tous les vocables un brin paresseux de circonstance. Je lance une bouteille dans l’océan pour un portrait. Il se pointe une poignée de jours plus tard dans une brasserie des beaux quartiers. Crâne rasé, veste en cuir et tutoiement de mise. En forme, le nouveau sexagénaire. Un poil en retard ; il s’excuse à cause d’un rendez-vous qui s’est étiré avec son pote Bernard Montiel. Ne vais pas m’aventurer de suite sur la maladie. On emprunte des chemins de traverse. La vie, Dieu, les esprits, le destin. Le fumeur de joints ne croit pas vraiment au Tout-Puissant. Il se sent proche des bouddhistes, ça «correspond» à sa personnalité, promet-il. J’avance timidement sur la maladie. «Je n’ai jamais vraiment été dans la tristesse. Je n’y pense jamais en me couchant. A vrai dire,
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Que ne ferait-on pas pour ses enfants ? Comme tous les papas, Florent Pagny est prêt à tout pour sa fille Aël. A 24 ans, la jeune femme sait ce qu’elle veut et où elle va. Très engagée pour la cause animale, la fille du chanteur est devenue végétarienne. Une manière de lutter contre la souffrance animale et le réchauffement climatique. Après de nombreuses conversations avec son père, Aël a réussi à le convaincre d’arrêter progressivement de consommer de la viande. « Je ne fais pas ça pour lui faire plaisir mais parce qu’elle a raison. Tout ça a une incidence sur la nature et je tente de corriger le tir à mon échelle… Je ne suis pas un enfant de bourgeois. Mes parents sont toujours là, ils peuvent en témoigner. Il ne faut pas se cacher, ne pas se la péter non plus et se croire arrivé »
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Fils de Jean Pagny, vendeur de vignettes, et d’Odile, secrétaire, le chanteur a beaucoup déménagé gamin en compagnie de ses trois frères et sœurs. Il est passé par la Bourgogne et la Haute-Savoie avant d’atterrir à Paris, à 16 ans. Il jette définitivement son cartable, rôde la nuit, vit de petits boulots, tente sa chance dans le cinéma et chante en espérant devenir une étoile du moment en quête d’un quart d’heure warholien qui jouerait les prolongations. «Je pouvais devenir chanteur ou bateleur sur les marchés. Cette voix est un don, j’étais obligé d’en faire un truc.» Il découvre le succès à la fin des années 80, avec N’importe quoi, une ritournelle sur l’addiction ; coécrite avec la cinéaste Marion Vernoux.
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